Le territoire des Red Devils était à nul autre pareil. Facilement reconnaissable, il se composait de terres brulées, situées pour l essentiel en flanc de montagne, d’où s’échappaient de ci de là volutes de fumées irrespirables, geysers d’eau bouillante et parfois même de lave incandescente. Le soleil y dardait ses rayons implacables le jour durant, et la nuit, l’atmosphère n’en restait pas moins lourde et suffocante. Peu propice à la vie, il n’accueillait en apparence ni homme ni bête. Nul n’aurait songé à s’y établir, ni même à le traverser et les tribus alentours prenaient d’ordinaire soin de le contourner. C’est pourtant bien là que vivaient les red devils. Réfugiés dans les entrailles de la terre, ils en connaissaient les méandres sur le bout des doigts. Ils y trouvaient une fraicheur réconfortante qui aurait fait à n’importe qui d autre, l’effet d’une insupportable fournaise. Ils avaient appris à extraire des rares plantes qui poussaient, les excipients qu’ils utilisaient pour se couvrir la peau et se protéger des rigueurs du climat. La couleur rouge du produit obtenu leur donnait un aspect effrayant et plus d’un voyageur égaré apercevant un red devil, était persuadé d’avoir vu le diable en personne. Ils n’avaient jamais cherché à détromper qui que ce soit. Les lieux inhospitaliers et la terreur qu’ils inspiraient suffisait en temps normal à tenir éloigner les étrangers.
Un jour néanmoins, une sentinelle vit un groupe de cavaliers approcher à brides abattues. Leurs livrais étaient sales et déchirées mais toujours identifiables. Que faisaient donc des orcadiens si loin de chez eux ? Ils ralentirent leur course. De toute évidence, ils cherchaient quelque chose, les Red Devils sans doute. On les laissa approcher. Ils demandèrent audience et expliquèrent que leur chef ayant déserté son poste de commandement pour lutiner la gueuse, ils souhaitaient se battre désormais sous les couleurs des Red devils. Ils offraient leur allégeance indéfectible en échange de la protection de leurs hôtes contre une tribu barbare dont les membres les avaient pris en chasse.
Sur la trace des orcadiens renégats, les Affranchis ne tardèrent pas à faire leur entrée sur le territoire des Red Devils. La troupe pour le moins hétéroclite se composait d’hommes d’armes, venus de toutes horizons, aventuriers, barbares, guerriers à la solde du plus offrant et même quelques ex chevaliers de l’ARS déchus, qui n’auraient pas payé de mine sur les routes de l’Aelendil mais qui au milieu des rustres et malandrins qui composaient leur armée, passaient sans peine pour de grands seigneurs de guerre. Certains d’entre eux valaient néanmoins beaucoup mieux que d’autres et surtout ils surpassaient en nombre leurs adversaires.
Les Red devils quant à eux n’étaient pas préparés à cette guerre. Les orcadiens renégats qui les avaient rejoints, fidèles à eux-mêmes, s’enfuirent à nouveau pour échapper aux combats. Par ailleurs les Red devils avaient eu la faiblesse d’accueillir parmi eux des hommes qui n’avaient de guerrier que le nom. Ainsi destroyer, connu dans les diverses contrées d’Inutopia pour sa lâcheté, avait il mouillé son pantalon à la seule vue des rustres qui lui faisaient face pour finir par ramper jusqu’ aux portes de la cité des Affranchis présenter servilement maintes excuses que nul ne lui demandait et implorer le pardon de ses adversaires. D’autres encore avaient très vite rompu le combat pour trahir sans état d’âme leur serment d’allégeance et déserter le champ de bataille tant et si bien qu’il fallait désormais se rendre à l’évidence. Faute d’avoir su organiser leurs troupes, les Red devils avaient succombé sous le nombre sans avoir été capable d’exploiter les faiblesses de l’ennemi. Il ne leur restait plus qu’à déposer les armes et à s’avouer vaincus. Un émissaire fut envoyé aux affranchis avec leur reddition sans condition.